vendredi 30 avril 2010

Escapade littéraire au marché du livre de New Delhi

Chaque dimanche s’étale un marché étonnant dans le nord de la capitale indienne. Des livres ouvrant sur toutes sortes de contenus se déploient sans complexe sur le trottoir, à quelques centimètres des pieds des visiteurs.

Les livres du marché de Daryaganj savent régaler les pupilles de tous, jusqu'aux lecteurs les plus assidus. Ils se proposent de combler à chaque fin de semaine les spectateurs curieux avides de nouvelles évasions littéraires, et volent alors la vedette à l'historique Delhi Gate, au pied de laquelle ils se pâment.

Ce marché très populaire, situé à quelques rues des sièges de grandes maisons d'édition indiennes, est vieux d'une trentaine d'années. Les ingrédients de sa réussite ? On y trouve de tout, pour tous les goûts, tout âge et toute envie : romans, manuels scolaires et spécialisés (physique, économie, management, informatique), livres de cuisine du monde, dictionnaires, magazines people et féminin, livres pour enfants, magazines de décoration d'intérieur, de design… Quant aux plus fouineurs, ils y dénicheront certainement une multitude de petits bijoux, tel par exemple ce spécimen unique, manuel d'occupation conçu dans le but d'égailler les longues minutes que certains passent aux toilettes.

Farid Anwar est vendeur de livres à Daryaganj depuis vingt ans. Il trône au milieu de sa marchandise, debout, les pieds voltigeant sur les couvertures. "J'ai toutes sortes de livres, en anglais, espagnol, italien, français et même chinois ou japonais". Il suffit de demander, et si naguère le manuscrit convoité n'est pas présent en devanture sur le trottoir, aucun problème ; le vendeur s'éclipse un court instant dans une arrière boutique improvisée, qui, le restant de la semaine, accueille en fait un arsenal d'outils mécaniques. Le plus magique est qu'il en ressort presque à chaque fois avec le livre recherché.

En s'aventurant plus en avant au fil des pages, nous croisons Lalit, un habitué du marché. Cet homme actif d'une quarantaine d'années s'y rend un dimanche par mois, uniquement dans le but d'y dénicher du "matériel scolaire pas cher". Mais attention, pas pour ses enfants, pour lui. Car Lalit est étudiant en master de ressources humaines, depuis un an. "Je vise une promotion avec ces études, c'est très important pour moi. Mais je viens aussi ici pour acheter des magazines, et des romans en hindi. Je trouve à chaque fois ce que je cherche", conclut-il.

Mais alors, quel est le secret des vendeurs ? Comment se procurent-ils tous ces livres ? Anand Nanda, vendeur à Daryaganj depuis 16 ans, succédant à son père, accepte de nous éclairer : "Nous achetons les livres récoltés par des "scrap dealers", qui ramassent dans la rue les meubles et objets que les gens ne veulent plus". Certains libraires leur fournissent également des invendus. "Evidemment, le prix auquel nous les achetons est beaucoup moins cher que le prix sur le marché". Ainsi, même si cela dépend du type de livre, un roman par exemple vendu dans une librairie à 350 roupies (6 euros), peut être acheté seulement 50 roupies (80 centimes d'euros) à Daryaganj.

Déambuler ici un dimanche après-midi constitue donc une agréable sortie. Seul petit bémol, concernant les femmes : l'espace restant sur le trottoir qui permet aux potentiels acheteurs de se promener est vraiment réduit. Des mains baladeuses sont donc souvent à déplorer.

Malgré cela, et peut-être aussi la chaleur étouffante, le marché du livre reste un incontournable, comme un "best-seller" des sorties à New Delhi.

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70 ans sans boire ni manger… le miracle indien ?

Des médecins indiens s’interrogent en ce moment même sur le cas surprenant d’un yogi de 83 ans, qui affirme avoir passé plus de 70 ans sans eau ni nourriture. Placé sous haute surveillance et objet d’une série de tests médicaux, le sage est une énigme pour le corps médical.

Prahlad Jani, yogi à la longue barbe, vient tout juste d'être placé en observation dans un hôpital d'Ahmedabad (ouest). Cet ascète hindou y est actuellement suivi par une équipe de médecins fortement intrigués par son cas, des plus extraordinaires. En effet, ce fervent dévot, qui pratique la méthode brahmanique visant à se libérer des faiblesses du corps et à atteindre la communion avec la connaissance, affirme avoir survécu pas moins de 70 ans sans manger, ni même s'abreuver.

Le yogi octogénaire a donc été admis à l'hôpital pour une série de tests médicaux, placé sous observation 24 heures sur 24. "De cette observation jaillira peut-être la lumière sur la survie de l'homme sans eau ni nourriture", a déclaré le docteur G. Ilavazahagan, directeur de l'Institut national de défense spécialisé en physiologie.

Cet institut fait partie de l'organisation de recherche et développement du ministère de la Défense (DRDO), qui a déjà mis au point l'an dernier des grenades bourrées du piment le plus fort du monde, mis au point pour étourdir les émeutiers et disperser les foules.

Les tests médicaux conduits en ce moment même sur le yogi pourraient quant à eux "aider à élaborer des stratégies de survie lors de catastrophes naturelles, de conditions extrêmes de stress ou pour des missions spatiales sur la Lune ou sur Mars", a commenté le Dr. Ilavazahagan.

Les médecins lui feront très prochainement passer un scanner utilisant l'imagerie par résonance magnétique (IRM). Son cerveau et son activité cardiaque seront mesurés par des électrodes et il subira aussi des examens sanguins. Les tests devraient durer entre 15 et 20 jours. En outre, une caméra mobile le suivra à sa sortie, explique le neurologue Sudhir Shah qui fait partie de l'équipe.

"Le recours au scanner vise à comprendre quelle est l'énergie qui soutient son existence", a-t-il ajouté, expliquant que des soldats pourraient bénéficier de son apparente capacité à survivre. "Jani dit qu'il médite pour avoir de l'énergie. Nos soldats ne pourront pas méditer mais nous aimerions quand même en savoir plus sur l'être humain et son corps", a-t-il poursuivi. Les résultats devraient être connus d'ici deux mois.

Depuis le début, le sage n'a pas bu une seule goutte d'eau, ne s'est pas alimenté et n'est pas allé aux toilettes, a rapporté le Dr Ilavazahagan. Pourtant, il serait en pleine forme mentale et physique. Il est vrai que certaines personnes peuvent vivre sans nourriture pendant plusieurs semaines, le corps puisant dans ses réserves de graisse et de protéines. Mais l'être humain moyen ne peut survivre que trois à quatre jours sans eau.

Prahlad Jani déclare avoir reçu la bénédiction d'une déesse alors qu'il n'avait que huit ans. Depuis, il survit grâce à un trou dans son palais, par lequel tombent des gouttes d'eau dans sa bouche.

"Il n'est jamais tombé malade et peut continuer à vivre comme ça", a déclaré Bhiku Prajapati, l'un des nombreux adeptes.

Après 70 ans de vie supposée sans eau ni nourriture, il est facile de parier sur ce fait. Reste maintenant à savoir si cette histoire ne serait tout de même pas un peu magique, interrogation en attente d'une confirmation médicale.

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jeudi 29 avril 2010

Des Indiens qui se démarquent dans la course aux élections législatives britanniques

Alors que les trois partis majoritaires au Royaume-Uni s’affrontent actuellement dans la dernière ligne droite de la campagne pour les élections législatives du 6 mai, la clé pour faire pencher la balance politique en faveur d’un seul pourrait bien résider entre des mains indiennes.

La campagne officielle pour les élections législatives au Royaume-Uni a été lancée le 6 avril dernier. En attendant les résultats, qui tomberont précisément dans une semaine, des analystes du monde entier se sont emparés du cas Nick Clegg, candidat pour les libéraux-démocrates, véritable phénomène qui pourrait bien mettre fin au bipartisme à l’anglaise. L’alternance traditionnelle entre le Parti Travailliste, actuellement au pouvoir et représenté par le candidat sortant Gordon Brown, et le Parti Conservateur, mené par David Cameron, pourrait alors subir un revers historique.

Au-delà de toutes spéculations, ce qui nous interpelle à une semaine des résultats tant attendus, le jour même du dernier des trois débats télévisés pendant lesquels s’affrontent les candidats, c’est le rôle de la diaspora indienne au cœur de ces élections mouvementées.

Car, tout comme Chloé Morrison, interrogée par le magazine indien Outlook, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui déclarent soutenir un candidat d’origine indienne. En l’occurrence, la résidente de l’arrondissement londonien Ealing Southall a décidé de placer tous ses espoirs entre les mains du conservateur Gurcharan Singh, fervent dévot Sikh. Originaire d'une famille modeste d’agriculteurs dans l'Uttar Pradesh (nord de l’Inde), ce candidat dynamique d’une soixantaine d’année débarque au Royaume-Uni il y a quarante ans. Il n’imaginait alors pas qu’il pourrait un jour aspirer à devenir député, au sein de son pays d’adoption.

Des élections aux couleurs indiennes ?

C’est un fait : l’Inde est en train d’acquérir de plus en plus de poids au Royaume-Uni. A tel point que les politiciens ne peuvent plus négliger le potentiel que représente sa diaspora. Ainsi, même les conservateurs ont réalisé l'importance d’obtenir le soutien des membres de la communauté indienne, qui représente 1,8% de la population britannique. Les Tories ont actuellement 15 candidats d’origine indienne en lice pour le 6 mai. En effet, sur les 100 sièges qu'ils espèrent gagner, près de 14 circonscriptions ont un nombre important d’Indiens, qui constituent même, dans certains cas, près d'un tiers de l'électorat.

En tout, les trois grands partis comptabilisent 50 candidats originaires du sous-continent sur un total de 1716, autrement dit 3% de l’ensemble des prétendants aux élections législatives. A cela vient s’ajouter la propension des Indiens à voter. Un rapport, effectué par le professeur Mohammed Anwar de l'Université de Warwick, estime en effet leur taux de participation à 67% lors des dernières élections générales, contre 60% à l'échelle nationale.

Même si l'arithmétique électorale propre au Royaume-Uni (scrutin majoritaire uninominal à un tour) rend épineuse toute projection fiable du nombre d’Indiens qui seront élus membres du Parlement britannique, Priti Patel, de la circonscription Witham, est dors et déjà fortement pressentie pour gagner sa place parmi les conservateurs. Cette candidate, qui a beaucoup fait parler d’elle dans la presse en louant son "attachement fort aux valeurs conservatrices", deviendrait alors la première femme asiatique siégeant à la Chambre des communes.

"À l'heure actuelle, il n’y a que cinq députés d'origine indienne au Parlement, mais leur nombre devrait monter en flèche cette année", annonce Virendra Sharma, député travailliste de Southall. Il se hasarde même à la prédiction suivante, teinté d’un sourire : "Patientez un peu, et vous verrez que les Indiens prendront un jour le pouvoir au plus haut niveau".

Un Indien résidant du 10 Downing Street? Peut-être faudrait-il commencer à y songer…

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mercredi 28 avril 2010

New bling for ghetto mobile

Mon histoire sur les rickshaw-vélos, cette fois-ci dans sa version pour Tehelka.

A new generation of cycle rickshaws has come. With their innovative design, they will definitely conquer the heart of environment-conscious commuters, says ADELINE BERTIN.

A revolution is underway in the crowded streets of dusty Delhi. While the trendy and expensive four-wheelers block the arterial streets, lighter and faster cycle rickshaws are progressively making their way in the north campus of Delhi University.

Larger, with longer roofs and wheels decorated with flashy little gadgets, they immediately catch the eyes of the passerby. Along with the hordes of other ordinary cycle-rickshaws, they wait patiently outside the Vishwa Vidyalaya metro station exit, while passengers surface regularly to dive into the sweltering heat of the city.

The new-age cycle rickshaws were created recently by twenty-five students from the Sri Ram College of Commerce (SRCC), members of the international organisation Students in Free Enterprise (SIFE). On a mission to ensure that the rickshaw-wallahs get their own vehicle, they are helped by jovial faculty advisor Abhay Kumar, who explains the origin of the project: “We wanted to help marginalised people. After a round of discussion with the students last summer, we finally agreed to help rickshaw-wallahs, who have very poor living conditions.”

A majority of them are illiterate and at the mercy of vehicle owners, they hire rickshaws everyday for Rs 50. If the drivers come back without the money in the evening, they are systematically beaten, without any mercy. “The best way for us was to help them get their own rickshaw, by taking out a bank loan. At first, nobody wanted to help us, but eventually, the Punjab National Bank (PNB) accepted to collaborate.”

Meanwhile, a new design was created by the students, which provides very competitive assets to the vehicle. For the driver, a longer roof to protect from sun, dust or rain, two small rear-view mirrors and an overall lighter rickshaw. For the passengers, more comfortable seats, an extended open space under the roof and two newspapers. The final touch, a little red dustbin, introduces the revolutionary concept of a cycle rickshaw certified 100% eco-friendly. Its cost: Rs 8,000, instead of Rs 7,500 for the normal rickshaw.

Five rickshaw-wallahs got their vehicle on December 17 last year, in the presence of Sheila Dikshit, Chief Minister of Delhi. They now earn a lot more, approximately Rs 300 per day. They confess with a large smile that they are very happy and satisfied. “I have more customers now, who call me on my mobile phone if they need a ride, like the taxis,” says Ram Shiromani, rickshaw-wallah since five years, proudly wearing his new navy blue uniform. He adds, more seriously: “I bought some gifts for my family, but it was a rare occasion. I usually save the money on my own bank account.”

Siddhartha Jain, co-president of SRCC-SIFE, describes the role of the students in the project: “Our aim is to provide the rickshaw pullers with an appropriate training and a basic knowledge of their job, for them to become responsible and independent in the future. For instance, we explain to them what a bank loan is, and teach them the traffic rules. In addition to this, they learn how to speak proper English, as well as how to behave decently with clients.”

Five more lucky drivers got their own vehicles one week ago, while more than twenty are still waiting to become owners themselves in May and June. Now the challenge is to provide the new-age vehicles to the rickshaw-wallahs working in DU before the beginning of the Commonwealth Games in October, to fulfil the wish of Sheila Dikshit.

Un Watergate indien qui pourrait bien ébranler le Parti du Congrès

La colère des partis politiques d’opposition risque de créer des vagues de contestation ces prochains jours au Parlement. La raison de leur courroux ? Un rapport, rendu publique aujourd’hui, qui révèle que les téléphones portables de certains politiciens ont été secrètement mis sur écoute par le gouvernement de Manmohan Singh.

Il agite déjà la controverse au sein des hautes sphères gouvernementales. Le rapport, rendu publique dans le magazine Outlook daté de cette semaine, révèle que les téléphones portables d’hommes politiques indiens haut placés ont été mis sur écoute par le gouvernement, leurs conversations méticuleusement enregistrées.

Précisément, c’est l’organisation nationale pour la recherche technique (NTRO) qui a mené l’opération controversée, rappelant celle du Watergate dans les années 1970 aux Etats-Unis. Elle visait notamment les échanges téléphoniques des leaders de l’opposition, à propos de la motion de non-confiance pour l’accord sur le nucléaire entre l’Inde et les Etats-Unis (juillet 2008), ou encore des stratégies du Front de gauche pour renverser le gouvernement de Manmohan Singh.

Par conséquent, des responsables, comme Prakash Karat, secrétaire général du Parti communiste indien (marxiste), le CPI(M), ont été pris pour cible. Mais l’espionnage touche aussi des membres du parti au pouvoir. Des échanges téléphoniques de Digvijay Singh, secrétaire général du parti du Congrès, ont par exemple été enregistrés. D’autre part, les discussions entre le ministre de l’agriculture, Sharad Pawar, et le président de la Première Ligue de Cricket indienne (IPL), Lalit Modi, ont été attentivement décryptées et archivées ces quinze derniers jours, avant que n’éclate le scandale de l’IPL. Des enregistrements qui auraient apparemment servis à faire pression sur Pawar, pour appeler Modi à la démission.

"Big Brother"

Il faut remonter à 2005 pour comprendre comment le NRTO, agence de renseignement créée après la guerre du Kargil (1999), a pu se doter des technologies nécessaires pour mener cette opération d’espionnage. A cette époque, l’Inde commence timidement à rattraper la révolution des communications qui avait bouleversé le monde dix ans plus tôt. Peu à peu, les services de renseignement indiens accumulent des compétences pour intercepter des conversations de téléphones cellulaires et fixes, SMS, e-mail, chats et toutes autres formes de transmissions électroniques.

Finalement, les téléphones portables des responsables politiques visés dans cette affaire ont été infiltrés par un nouvel appareil d’écoute GSM indétectable, capable de traquer et écouter les conversations téléphoniques dans un rayon de deux kilomètres.

Ce système, qui peut être déployé n’importe où, place pratiquement tout le monde sous surveillance. "Nous pouvons creuser dans la vie de chacun", souligne un agent des renseignements interrogé par Outlook. Car en l'absence légale d'un mécanisme de surveillance des services de renseignement indiens, très peu de contrôle est exercé par les dirigeants politiques, parlementaires ou même issus de la bureaucratie.

Digvijay Singh, questionné par Outlook, a laissé éclater sa surprise quand le magazine lui a demandé de commenter l’affaire. "Je pense que c’est vraiment dérangeant. Je suis très surpris d’apprendre que le gouvernement a espionné des leaders politiques. C’est illégal et immoral", a-t-il déclaré. Pour lui, les technologies modernes de surveillance ne devraient être utilisées que pour assurer la sécurité nationale. Il ajoute se demander comment l’organisation d’un tel réseau d’espionnage a pu être mis en place sous le gouvernement du Premier ministre actuel, Manmohan Singh.

Pour le moment, le ministre de l'intérieur P. Chidambaram nie toute activité d'espionnage de la part du gouvernement. Néanmoins, les membres de l'opposition demandent qu'une commission d'enquête parlementaire soit immédiatement mise en place, pour sonder cette affaire. L.K Advani, leader du principal parti d'opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP), l'a décrite comme étant "extrêmement sérieuse" dans le quotidien The Hindu, demandant qu'une loi soit votée pour empêcher le gouvernement d'abuser de son autorité et d'envahir la vie privée de citoyens ordinaires.

Manmohan Singh n'a pas encore réagi au rapport, mais cela ne saurait tarder. Les partis d'opposition ont en effet annoncé exiger une déclaration du Premier ministre sur la question, qui devrait intervenir dans l'après-midi.

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Gurcharan Das, écrivain indien

Dans le cadre de l'édition spéciale de Tehelka sur les habitudes littéraires en Inde pour l'année 2009.

Is there a book that changed or transformed your life? How - Why?
I shall mention two classics. I tend to read old books, perhaps because I have begun to feel my mortality. The first is the epic, Mahabharata, because it is about us. It is about how we deceive ourselves, how we are false to others, how we oppress fellow human beings, and how we are morally blind most of the time. Besides, I am currently reading Marcel Proust’s novel, In Search of Lost Time, in a new translation by the editor Christopher Prendergast and others (Allen Lane 2002). I am fascinated by the role of memory in the novel, beginning with the famous episode when the author eats a madeleine as a child, which opens up his entire past. Throughout there are many instances of memory being triggered by sights, sounds and smells. I read this French classic in college in Scott Moncrieff's translation, which was titled Remembrance of Things Past. I find this translation simpler, more satisfying.

In everything you have read, who would you count as the most inspirational character you have ever encountered and why?
In everything I have read, Pierre in Tolstoy’s War and Peace and Karna in the Mahabharata are the most inspirational characters I have ever encountered. They both wrestled with moral dilemmas that I have faced, indeed, all of us face. Their instincts are almost always deeply moral.

Is there any literary character you would have loved to be, or have unconsciously or consciously modelled yourself on? Who - Why - How?
I would have loved to be Shakespeare’s much admired Henry V and Arjuna in the Mahabharata. Both are winners, good Chief Executive Officer (CEO) material. The difference between them is that the much admired English king has no qualms about killing innocent women and children in war, whereas Arjuna does. Henry seems to me not very different from our modern leaders who do not give much thought to the deaths of civilians when they declare war. However, Arjuna does care.

Who is according to you the most romantic literary character you have ever read about? Why?
I think it’s Arjuna in the Mahabharata. He is universally attractive to women—this may be why every fifth Indian mother seems to name her son Arjun.

The funniest literary character?
For me the funniest literary character is definitely Shakespeare’s Falstaff and Wodehouse’s Bertie Wooster.

What is the most disturbing book or scene you have ever read?
I have always found Chekov’s plays deeply disturbing. Uncle Vanya is particularly disturbing - it makes you face the sadness of the human condition.

A book or writer that changed your worldview? Or maybe that took you into a world you had never imagined?
I would say Alexis de Tocqueville, Democracy in America changed my view both of democracy and of America. I understood why America became the first and greatest democracy, and I learned the dangers of the tyranny of the majority in every democracy.

Makarand Deshpande, acteur et écrivain indien

Dans le cadre de l'édition spéciale de Tehelka sur les habitudes littéraires en Inde pour l'année 2009.

Is there a book that changed or transformed your life? How – why?
I would say Krishna - the Man and His Philosophy. Through Krishna, Osho, the writer, makes the global part, in terms of religion and the way of life, relates with everything. When you are in search of Krishna, you wonder what he is, and you discover that he is the future. I think that’s what I understood. We must live in the moment and give in the moment because life is not optional.

Besides, I am a writer. I’ve not written a lot of plays but for me, this book is important to gather myself. When you keep writing you’re dealing with politics, mythology, culture and all contradictions. In Krishna – The Man and His Philosophy, all that come in one book. I just wrote a play called Joke, which is about a writer who chooses to believe in his childhood faith rather than in God. He is melting Mohat and Moksha together. It means that if some people critic you, it will lead to dialectic and this dialectic would finally help you make your choice. The book helps me because Joke is about faith and power, political and philosophical existence in the current political, economic and social situation of the world. If you read Krishna - the Man and His Philosophy, it provides you that kind of mind; I mean it is one of those books that only enrich you. I think it really has something significant to offer to readers. It is wonderful.

In everything you have read, who would you count as the most inspirational character you have ever encountered?
I think the writers are the most inspirational. For me, Govind Purushottam Deshpande, Marathi playwright, has written wonderful books, such as Dialectics of Defeat. I think he is a huge man.

Which book would you recommend to someone who reads only one book a year? Why?
I think everybody should read Little Prince, written by French Antoine de Saint-Exupéry, because this small book teaches how to speak with the heart. Then, I think people should also read books written by Kusumagraj, a huge Marathi writer and poet.

A book or a writer that changed your worldview? Or took you in a world you had never imagined before?
I have never been in such a world, but the Marathi litterature is full of symbols and metaphysics, with characters who can be terribly tragic and weak; it is very interesting. I should mention one play that I think radically changed my life: Chitra, written by Rabindranath Tagore, about the further wanderings of Arjuna. It is actually the story of a woman who looks like a man, since her mother and father educated her like a boy. She is an archer and beautiful warrior, but she is terribly upset because Arjuna does not even look at her. However, one day Arjuna sees her again and can’t help but finally falls in love with her. It is very poetic, and the language is impressive and amazing. I stopped writing when I read that book and started writing again after. It was definitely a turning point for me.

Piyush Mishra, acteur et réalisateur indien

Dans le cadre de l'édition spéciale de Tehelka sur les habitudes littéraires en Inde pour l'année 2009.

Is there a book that changed or transformed your life? How – why?
The Bhagavad Gita. I always have a copy of it with me. There is a lot of philosophy in it. It talks about human life in such a particular way that if you have some tough questions, you can read it and you will certainly find all the answers you need. It is a very wonderful book for that, made for everybody. When I read the book, I found all the answers to the questions my parents, teachers and friends could not answer, and particularly: what was the cause of my whole struggle?

In everything you have read, who would you count as the most inspirational character you have ever encountered?
From the Bhagavad Gita again, Vishnu. In my youth, I've been also very inspired by Fountainhead, and by Hoard Roark, its protagonist. For about twenty years of my life, I've tried to be like Hoard Roark, who is an extremely arrogant person. It is through him that I understood the ego. What I find inspiring about Hoard Roark is that his ego arose out of knowing himself, as opposed to others whose egos arise out of not knowing themselves. You can’t know more than me, this is my ego. This book and his main character completed me.

Which your favourite book-to-movie adaptation? Why?
The God Father, because it is the only case in which I have found the movie to be better than the novel. It is very difficult to adapt a novel and this is the best adaptation I have ever seen. I think it was shot to be much longer than it appears, and then edited excellently. Distribution of scenes and balancing of them is just perfectly right.

mardi 27 avril 2010

Ratna Patnak Shah, actrice indienne de Bollywood

Dans le cadre de l'édition spéciale de Tehelka sur les habitudes littéraires en Inde pour l'année 2009.

Is there a book that changed / transformed your life -- how / why?
Yes, there is. It is a play, which I read a long time ago. It was written by Georges Bernard Shaw in 1903 and is called Man and Superman. We performed a part of it and we called it Don Juan in Hell (Act 3 Scene 2). This is a piece of writing that definitely influenced and changed my life in many ways. First, as an actress, certainly because I finally figured out what I was doing wrong as such and I started to look for ways to change my problems and sort them out. It was a complete revolution. I can’t say it was a breakthrough because I don’t think I got it right. I think I was quite unable to improve my mistakes at that point. I started thinking about it in a much more serious manner. And I finally managed to correct some of them. It changed my life as an actress and as a human being because this play really talks about man in relationships, in the most interesting way that I came across.

At least one character that you find memorable...
I find interesting the English writer Sir Pelham Grenville Wodehouse, and particularly the two characters Psmith and Jeeves. They always have the most perfectly and appropriate thing to say in every situation. They have solutions to every problem. Besides, they are funny and unbelievable.

In everything you have read, who would count as the most inspirational character you have ever encountered -- and why?
I can’t think of any character as such. But I can think of writers who have inspired me completely. John Berger (English writer) has. All are writers who opened my eyes. Among the fiction writers, I would probably say that Amitabh Ghosh (Indian Bengali author), John McPhee really made me think quite differently from what I was used to. They have changed my way of looking at the world, each of them in a completely different way.

Which book would you recommend to someone who reads only one book a year -- and why?
I recommend an author (whom I can't remember the name) who wrote a book about the Mahabharat, which is absolutely wonderful. Everyone should read it. It talks about Mahabharat in a very contemporary way. It talks about the characters and their dilemmas in a much more personal manner than the Mahabharat itself, with interpretations that make a lot of sense to me. It is a short version of the Mahabharat, in which the story becomes more important than the characters. And I would like to recommend any of Ismat Chughtai’s work. I think that particularly women would find the books extraordinarily accurate, even in our contemporary world, because she wrote in 1930s but her stories are completely accessible and relevant for today's world.

Who would you count as your funniest writer?
P G Wodehouse definitely.

vendredi 23 avril 2010

Les mille et une épices du "masala market" de New Delhi

Le temps des caravanes s’ébranlant sur la route des épices, en partance de Chine et d’Inde pour rejoindre l’Europe lointaine, est bien révolu. Pourtant reste encore une empreinte magique de cette époque, incrustée au sein de Khari Baoli, le "Masala market" de New Delhi.

Khari Baoli, situé dans le prolongement occidental de Chandni Chowk, regorge de marchands d’épices, de thé et de fruits secs, en gros et au détail. Ici, les produits, aux multiples couleurs et parfums plein de promesses, s’alignent en équilibre précaire, savamment calculé, dans les petites échoppes ouvertes qui bordent les ruelles bondées.

Il faut donc d’abord se faufiler pour atteindre les boutiques épicées. Car les rues sont encombrées de rickshaw-vélos audacieux, zigzaguant dans la foule dense et criante des personnes qui s’agitent. Parallèlement, de vieilles charrettes en bois, patinées par le temps, se fraient difficilement un chemin dans la foule, parfois vides et soulagées, parfois résistant sous le poids de marchandises prometteuses.

Finalement, après avoir transcendé la vague humaine mouvante, les deux petites échoppes voisines de Saurav et Meenu, propriétaires à Khari Baoli, se dessinent sur le trottoir. Gardiens de leurs épices, ils trônent derrière des piles colorées, en attendant les clients.

"Je vends des épices pour la cuisine, tels de la cardamone ou du safran, mais aussi des herbes ayurvédiques utilisées comme traitement médical", nous indique Saurav. "J’ai du réglisse par exemple, c’est très bon pour la santé, et ça rend heureux!" lance Meenu. La jeune femme nous montre également du Hara et du Katira, deux plantes utilisées pour lutter contre des problèmes digestifs.

D’autres échoppes s’alignent indéfiniment à l’horizon de la rue. La première bifurcation à droite plonge le visiteur dans une ambiance autrement particulière, et surtout plus intense : c’est l’entrée du marché de gros, le plus grand en Asie. Les odeurs, le confinement, la multitude piquent les yeux et font tousser sans relâche les non-habitués.

Des piments rouges, du sel minéral, des noix de lavage, du lichen, du thé et bien d’autres s’entassent dans des gros sacs de jute. Très peu de touristes viennent apparemment visiter ce lieu, comme nous confie un vieux marchand de mangues séchées, qui vend ses produits depuis quinze ans à Khari Baoli.

En ressortant de cet univers et réintégrant celui des vendeurs au détail, la boutique d’Anshu Kumar se fait l’office d’un havre de paix pour le voyageur désorienté. Sans aucun attrait qui la différencierait des autres dans la rue, elle serait pourtant vieille, d’après ses dires, de 92 ans.

"Nous exportons beaucoup à l’étranger, principalement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, mais aussi en Afrique du Sud, aux Pays-Bas et en France, dans le quartier de la Gare du Nord", nous explique-t-il, tout en nous faisant sentir ses gousses de vanille doucement odorantes en provenance du Kerala (Sud).

"Nous importons du gingembre de Chine, de la cannelle du Vietnam et d’Indonésie, ou encore du poivre du Sri Lanka", nous explique Anshu Kumar. Car même si l’Inde est riche en épices, il est parfois moins cher d’en importer, pour une qualité supérieure.

Alors qu’elles ne sont aujourd’hui que de banals ingrédients de nos plats culinaires, il fut un temps où les épices étaient aussi précieuses, et en conséquence, rares et chères que l’or ou les diamants. Khari Baoli continue à leur conférer cette importance millénaire et ce respect fasciné d’autrefois, pour des richesses que le monde entier continue de convoiter.

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jeudi 22 avril 2010

L'inde a toujours soif de charbon

Alors que le problème du réchauffement climatique ainsi que les enjeux d’un développement durable s’imposent à la communauté internationale, la production de charbon reste une valeur sûre pour les pays émergents, comme l’Inde ou la Chine. Confronté à une demande croissante, New Delhi va d’ailleurs devoir en importer massivement cette année.

La production d'électricité a récemment augmenté de façon spectaculaire en Inde. Alors qu'elle est actuellement assurée à 56% par le charbon, seule ressource naturelle présente en grande quantité à l'intérieur du pays, les réserves indiennes ne sont tout simplement plus suffisantes pour couvrir la demande domestique.


Le charbon indien est de qualité médiocre, tandis que beaucoup de mines sont inaccessibles car, par exemple, contrôlées par la guérilla maoïste (Naxalites). Quatrième producteur mondial de charbon en 2008, le pays va donc devoir en importer en grande quantité pour faire face à une demande dévorante qui va sûrement tripler ou quadrupler dans les prochaines années.

Les causes sont simples : dynamiser le développement des nouveaux industriels, qui prolifèrent avidement, et maintenir une croissance d'environ 8% par an. New Delhi souhaite également répondre au besoin urgent de sa population, dont près de la moitié (environ 400 millions de personnes) n'a pas encore accès à l'électricité.

Ainsi, les imports vont sûrement croître de 21% cette année, comme le rapporte Tehelka. New Delhi va en importer 35 millions de tonnes, chiffre qui dépassera les 80 millions en seulement un an. L'Indien Coal India Ltd., plus grosse société minière de charbon au monde, National Thermal Power Corporation (NTPC), plus gros producteur énergétique du pays, ainsi que d'autres entreprises privées et publiques vont faire venir le charbon des Etats-Unis, d'Afrique du Sud, d'Indonésie et d'Australie.


Chandra Bhushan, directeur adjoint du Centre pour la Science et l'Environnement (CSE) à New Delhi, souligne que c'est un "réel problème environnemental". Car le charbon est l'énergie la plus néfaste pour l'environnement, qui génère énormément de gaz à effet de serre (GES) lors de sa combustion. Il émet 1,3 fois plus de CO2 que le pétrole, et 1,7 fois plus que le gaz (source Panorama 2010, Innovation Energie Environnement).

Cependant, M. Bhushan affirme que remplacer cette ressource précieuse par toute autre chose n'est pour l'instant pas envisageable pour l'Inde.
Alors que le nucléaire ne répond qu'à 3% des demandes domestiques en énergie, et fait peur à une population qui lui est hostile, l' "excellente option" des énergies renouvelables (éolien, solaire, géothermie) coûterait en effet beaucoup trop cher selon M. Bhushan. "Plus de 90% de la population indienne ne peut pas se payer ce luxe. Nous sommes au cœur d'un problème purement économique, et c'est pourquoi le charbon restera, de toute façon, la référence indienne", explique-t-il.

Une source, qui n'a pas souhaité être citée, nous affirme que l'Inde a aujourd'hui tous les atouts pour avancer d'un grand pas dans le domaine des énergies renouvelables. L'enjeu est cependant de les rendre abordables, un "long processus qui prendra du temps". Car l'Inde n'a pas autant d'argent que les pays développés, mais ces derniers seraient prêts à lui venir en aide pour les rendre abordables, et s'assurer qu'elles forment une alternative concrète, plus rapidement.


M. Bhushan reste néanmoins pragmatique. "Il ne faut pas s'attendre d'ici à 2012 que le pays fonctionne énergétiquement parlant grâce aux énergies renouvelables". Pour lui, les pays occidentaux doivent d'abord baisser les prix sur ce marché. "Il ne faut pas attendre de l'Inde ou de la Chine qu'elles le fassent, c'est purement impossible, irréalisable".

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mercredi 21 avril 2010

L'Inde bientôt "au pays des merveilles" cannois

Des empreintes de mains appartenant à des célébrités internationales pavent le chemin qui mène aux fameuses marches du Palais des festivals. Chaque année, les 24 demoiselles pailletées se parent d’un élégant et majestueux tapis rouge, qui sera foulé pour cette 63ème édition du festival de Cannes par deux célébrités indiennes du 7ème art.

J-21, cinéma, robes de soirée, flash, agitation, films, Palme d'Or, acteurs, réalisateurs, luxe, rouge, marches, glamour, paparazzi, mer, soleil… les saisons passent, mais reviennent immanquablement chaque année, depuis 1946, ces mots qui se bousculent sous la pointe des stylos effrénés pour relater le fameux et très prisé festival de Cannes.

Il se déroulera sur la Croisette du 12 au 23 mai 2010, en plein cœur de la petite bulle balnéaire cannoise posée sur la Côte d'Azur, ballotée par la mer Méditerranée. Révélée la semaine dernière, la particularité de cette 63ème édition tient des participants triés sur le volet, dont deux sont Indiens. Le premier a été sélectionné en tant que prestigieux membre du jury, tandis que le deuxième concourra dans la catégorie "un certain regard".

Action !

Nommé parmi les huit membres qui composent le mystérieux et discret jury du festival, présidé cette année par l'américain Tim Burton, figure donc le réalisateur et producteur indien Shekhar Kapur. Succédant aux célèbres actrices de Bollywood Aishwarya Rai (2003), Nandita Das (2005) et Sharmila Tagore (2009), il est le premier homme originaire du sous-continent qui s'apprête à endosser cet illustre rôle, aux côtés notamment de Kate Beckinsale, Emmanuel Carrère et Benicio Del Toro.

Né en 1945 à Lahore, au Pakistan, Shekhar Kapur connaît des débuts balbutiants dans l'industrie cinématographique indienne en tant qu'acteur. Ce n'est que quelques années plus tard, alors qu'il se réfugie derrière la caméra et devient réalisateur, qu'il rencontre la célébrité avec son film Bandit Queen (1994), acclamé par la critique. Plus récemment, il a dirigé les deux premiers opus de sa trilogie consacrée à la reine Elisabeth d'Angleterre, interprétée par Cate Blanchett.

Silence, ça tourne…

Bold
Même si cette année les organisateurs de la quinzaine ont reçu moins de films comparé aux années précédentes, phénomène dû à la crise selon le Délégué Général Thierry Frémaux, être sélectionné dans la compétition officielle reste un privilège, qui constitue également un enjeu significatif pour le cinéaste et les producteurs.

Udaan, de Vikramaditya Motwane, est le premier film indien à être sélectionné dans la compétition officielle depuis 2003 et Arimpara, de Murali Nair. Premier long métrage du jeune réalisateur, Udaan a été choisi pour concourir dans la section "un certain regard", plateforme pour des réalisateurs encore peu connus.

Italic
Coproduit par Anurag Kashyap, réalisateur et scénariste indien en vogue, ce film à petit budget parle du phénomène moderne et encore rare des familles recomposées en Inde, à travers l'histoire d'un jeune adolescent maltraité par son père. Celui-ci se remarie, l'occasion pour Vikramaditya Motwane d'explorer les relations que le jeune protagoniste, interprété par Rajat Barmecha, va progressivement développer avec son nouveau demi-frère.

Nous sommes à J-21, et l'impatience monte. Au lever de rideau sur la Croisette, le Robin des bois de Ridley Scott, choisi comme film d'ouverture, nous plongera au cœur du festival cannois. Espérons que ce dernier s'achèvera sur une distinction indienne, qui fera alors briller de mille feux la première industrie cinématographique mondiale.

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Des vendeuses de bijoux au coeur du mirage des sables à Goa

De septembre à mai chaque année, elles sont une légion à arpenter des plages idylliques, légèrement déséquilibrées par leurs lourds sacs aux imprimés flashy de Bollywood qu’elles transportent précieusement. Ce qu’ils recèlent ? Une marchandise scintillante destinée à de jeunes touristes occidentales venues lézarder langoureusement sur leurs transats, les pieds dans la mer d’Arabie.

C'est la fin de la saison touristique à Goa. Il est midi et le soleil rayonne d'une intensité qui annonce déjà les grandes chaleurs des mois à venir. Parmi les quelques touristes aux corps ultra huilés qui peuplent tout de même la plage, deux ombres aux contours imprécis se dessinent au loin.

Geeta et Lola ont respectivement dix-neuf et dix-sept ans. Elles marchent sans lourdeur, tandis que leurs multiples bracelets colorés s'entrechoquent régulièrement. Originaires de Hampi (Karnataka), elles sont vendeuses de bijoux à Palolem (sud de Goa), petit écrin de paradis coincé entre des hordes de palmiers touffus et l'écume salée de la mer.

Lola a d'abord travaillé pendant quatre ans à Benaulim avant d'arriver en 2006 à Palolem. C'est donc depuis l'âge de neuf ans qu'elle foule sans relâche le sable brûlant pour vendre bijoux, manucures ou tatouages au henné : "C'est moi qui ai décidé de faire cela," déclare-t-elle, son profond regard ébène étincelant de fierté. Elle précise ensuite : "Si je travaille ici, c'est uniquement pour payer l'éducation de mes deux petits frères."

Cependant, elle nous explique que gagner de l'argent est de plus en plus difficile : "2010 fut une très mauvaise année comparée à 2006. Il y a quatre ans, on faisait entre 2 000 et 3 000 roupies la journée (30 et 50 euros), alors que maintenant, c'est plus de l'ordre de 100 à 500 roupies (2 et 8 euros)." Ainsi cette année, son chiffre d'affaires total s'élèvera à environ 8 000 roupies pour neuf mois de travail (130 euros), auquel il lui faudra encore retirer le loyer de sa petite cabane tout comme le pourcentage qu'elle reverse à l'homme qui lui fournit les bijoux.

Savita, également vendeuse à Palolem, nous confie, du haut de ses quatorze ans : "Je n'aime pas faire cela. J'ai commencé à l'âge de huit ans parce que mes parents m'y ont obligé. Je n'ai pas eu le choix, il fallait bien gagner de l'argent." Sa compagne de travail, Tiffee, a vingt-et-un ans, un regard dur, un ton neutre et le sourire inexistant. Elle accepte de se confier un peu: "C'est très dur. En temps normal, c'est à la période de Noël que l'on gagne le plus, mais cette année, décembre fut très calme."

Ce déclin notable est sans nul doute lié à la crise économique qui a touché de plein fouet les pays occidentaux, principaux fournisseurs de chair touristique à l'Inde, et la Russie en particulier, dont les ressortissants forment une majorité écrasante à Goa. A cela vient s'ajouter un phénomène de migration intérieure qui a vu de nombreuses jeunes filles affluer, faisant alors considérablement augmenter la concurrence entre les vendeuses.

Alors pour son futur, Lola a déjà tout planifié : "Après mon mariage, j'aimerais ouvrir mon propre magasin sur la plage, et continuer à vendre des bijoux. Mais cela dépendra de mon mari bien sûr, s'il est riche ou non !" Elle part dans un grand éclat de rire puis ajoute, plus sérieusement : "Je ne veux pas de mariage d'amour, mes parents choisiront. La seule chose que je souhaite c'est attendre d'avoir vingt ans pour me marier."

C'est la fin de la saison touristique à Goa. Alors que le soleil décline au large, les jeunes femmes des sables expliquent qu'elles vont bientôt retourner chez elles, au Rajasthan ou au Karnataka, pour y patienter durant la période des moussons. Elles y resteront de trois à six mois, travailleront dans des fermes ou rizières avant de reprendre leur lancinant parcours dans les sillons mouvants, au pied des vagues. Tiffee remercie d'écrire sur ce qu'elles font. Puis elle conclue, de façon naturelle: “Please, make me happy today Madam: see my jewellery.”

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Passage discret de Martine Aubry en Inde, de Antoine Guinard et Adeline Bertin

La première Secrétaire du Parti Socialiste est arrivée lundi à New Delhi, pour passer quelques jours en Inde. Un déplacement informel, qui marque son premier voyage à l’étranger depuis son élection à la tête du PS, en dehors des frontières européennes.

C'est une "dimension d'études, d'échanges et d'approfondissement" que Martine Aubry a voulu donner à sa visite de trois jours dans la capitale indienne. La première secrétaire du Parti socialiste est arrivée lundi, accompagnée du député Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS aux relations internationales, et de l'eurodéputé Harlem Désir, numéro deux du parti.

Martine Aubry explique qu'elle a préféré l'Inde au "traditionnel voyage" en Chine. "J'ai la conviction que l'Inde est essentielle. Ses relations avec la France ne sont pour l'instant pas assez développées." La première secrétaire a rencontré des chefs d'entreprise, des intellectuels et artistes, parmi lesquels le plasticien Subodh Gupta, le représentant d'une fédération de défense des paysans sans terre PV Rajagopal, ainsi que plusieurs personnalités du Parti du Congrès. C'était le premier voyage à New Delhi pour Martine Aubry, qui s'est déjà rendue à plusieurs reprises dans le sud de l'Inde, notamment à Mumbai.

Si Sonia Gandhi, présidente du parti du Congrès, n'était pas dans la capitale indiene pour recevoir l'élue socialiste, de nombreuses figures du premier parti indien se sont entretenues avec la délégation du PS. Notamment Shashi Tharoor, secrétaire d'état aux affaires étrangères et ancien sous-secrétaire général à l'ONU, et Rahul Gandhi, figure montante du parti et fils de Sonia Gandhi.

C'est d'ailleurs la "longue discussion" qu'elle a eu avec ce dernier qui semble avoir été le moment fort de la visite en Inde de la première secrétaire du PS, séjour qu'elle a qualifié d' "intéressant sous tous points de vue" "C'est un homme, curieux, patient déterminé qui parle clair, sans langue de bois, qui a une belle vision de son pays. Il est travailleur et patient, il se prépare et construit son parti pas à pas. C'est un bon message à rapporter en France". "On a discuté de la crise économique, de la régulation mondiale et des stratégies de développement économique entre l'Inde et la France", a-t-elle ajouté.

Martine Aubry a également loué l'agriculture indienne, affirmant que l'Inde avait "conforté sont secteur agricole et son savoir-faire" en la matière, contrairement à d'autres émergents. "En discutant avec les responsables politiques et des chefs d'entreprise à propos du développement et de la croissance en Inde, j'ai été étonnée de voir que tous s'accordaient sur l'importance d'augmenter le pouvoir d'achat des agriculteurs", a-t-elle déclaré.

"Le parti du Congrès s'est rendu compte qu'on n'était pas venus faire du tourisme politique", a assuré la maire du Lille lors d'une conférence de presse improvisée mercredi soir, ajoutant qu'elle n'aimait pas les "effets d'annonce" et que sa visite était "plus pour apprendre que pour se montrer", manière d'expliquer la faible médiatisation de son périple indien.

Pour la première secrétaire du parti socialiste, cette visite en Inde qui s'est ponctuée jeudi matin après l'incontournable pèlerinage au Taj Mahal d'Agra, était avant tout utile pour se rendre compte qu'à l'image du sous-continent, "le monde est complexe et les réponses ne sont pas toujours simples". L'occasion surtout de tisser des liens avec le parti du Congrès, lequel est d'ores et déjà invité à la convention internationale du PS en octobre.

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Une sombre campagne de vaccination fait scandale en Inde

A l’occasion de la journée mondiale de la santé hier, plusieurs associations et ONG ont lancé une campagne nationale de protestation contre un "projet pilote" de vaccination controversé, concernant des fillettes âgées entre 10 et 14 ans.

"Sarita était heureuse et pleine de vie." C'est ainsi que la décrivent ses parents, émus. Car la fillette d'une dizaine d'années est brutalement décédée fin janvier, après que plusieurs malaises et crises d'épilepsie ont agité son corps tourmenté.

Sarita vivait à Khammam, district pauvre et reculé de l'Andhra Pradesh. Dans cet Etat du sud de l'Inde ainsi qu'au Gujarat (ouest), 14 000 petites filles se sont faites vacciner, entre juillet 2009 et janvier 2010, dans le cadre d'une "étude nationale d'observation" contre le VPH (virus du papillome humain), qui peut mener au cancer du col de l'utérus.

Le programme a été mené conjointement par une ONG internationale, PATH, et le Conseil indien de la recherche médicale (ICMR), financé par le ministère de la Santé. Les vaccins utilisés, le Gardasil et le Cervarix, ont été autorisés à la vente aux Etats-Unis et en Europe en 2008.

Ce qui est arrivé à Sarita a levé de nombreuses interrogations. C'est Brinda Karat, membre du Parlement présente lors de la conférence de presse organisée à cet effet mercredi dans la capitale, qui en explique les raisons: "Sur 14 000 fillettes vaccinées, toutes ont systématiquement déclaré des effets secondaires (mal d'estomac, migraines), 120 d'entres elle ont été atteintes de troubles graves (crises d'épilepsie), et 4 sont mortes."

La campagne controversée, décrite comme un "pur acte de philanthropie" par les autorités locales, recèle beaucoup de zones d'ombre : "Le programme n'a eu lieu que dans deux Etats, de surcroît dans des districts extrêmement pauvres. Ensuite, les fillettes visées par la vaccination sont clairement mal-nourries, d'apparence frêle, sans aucun papier d'identité ni acte de naissance pouvant justifier concrètement de leur âge."

Alors que les parents n'étaient même pas au courant, certains enfants pensaient se faire vacciner pour lutter contre des migraines et des fièvres. A d'autres familles, l'ONG a menti délibérément, assurant que le vaccin protégerait les jeunes filles à vie, sans effets secondaires. Seulement à l'heure actuelle, les chercheurs du monde entier s'accordent à dire qu'il faudra encore attendre 20 ans avant de déterminer l'impact du vaccin.

Autant d'interrogations en suspens, auxquelles s'ajoutent la remise en cause du rôle suspect du gouvernement ainsi que de la nature même du programme mené par l'ONG, qui s'est déroulé avec l'aval de New Delhi mais en dehors du système de santé public. "Les conditions primordiales d'encadrement de tests médicaux sur la population, comme la formation du personnel médical et la présence de structures adaptées, n'existent pas dans les districts concernés. C'est une violation de la loi."

"Qui est alors responsabBoldle ?" C'est la question qu'aimerait poser Brinda Karat au Premier ministre lors d'un éventuel rendez-vous, alors qu'actuellement, la campagne est toujours en cours dans les écoles publiques et privées de l'Andhra Pradesh et du Gujarat, à l'aide d'ateliers spéciaux organisés par des membres de PATH. Elle fait écho à la déclaration des parents de Sarita : "Nous ne voulons pas que d'autres parents souffrent comme nous souffrons. Nous voulons que le gouvernement prenne des mesures immédiates contre les personnes coupables, qui ont tué notre fille."

Une réponse de Manmohan Singh sonnerait sûrement la fin complète et définitive de ce programme et le début d'une prise en charge responsable des enfants touchés. Des mesures devront ensuite être mises en place pour protéger la population à l'avenir, pour éviter qu'un programme d'une telle envergure ne puisse être reconduit avec la même impunité.

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Le géant américain Wal-Mart plus que jamais à l'assaut de l'Inde

Deux ans seulement après son implantation dans l’Etat du Pendjab (nord), Wal-Mart affiche sa ferme ambition de conquérir un marché indien qui lui résiste encore, frileux et emmailloté dans un amas de protections législatives censées le préserver de toute infiltration étrangère.

Créé en 1962 par Sam Walton aux Etats-Unis, le géant et numéro un mondial de la grande distribution s'est implanté il n'y a que deux ans en Inde, où il a ouvert sa première devanture près d'Amritsar (Pendjab) en mai 2009, et récemment sa seconde près de Chandigarh, mardi dernier.

Pour s'établir dans le sous-continent, Wal-Mart a d'abord du s'allier avec Bharti Enterprises Ltd., un conglomérat indien qui possède aussi la plus grande société de téléphonie mobile dans le pays (Bharti Airtel). De ce partenariat est née la joint venture nommée Bharti Wal Mart Pvt. Ltd, détenue à 50% par les deux groupes. Cette dernière, dont les magasins portent l'enseigne Best Price Modern Wholesale, permet au géant américain de gérer ses opérations en Inde.

Cependant, tout le monde n'est pas heureux de la présence de Wal-Mart ici. Beaucoup d'activistes et d'hommes politiques indiens craignent en effet que les magasins de grande distribution ne mènent des millions de petits commerçants à la faillite, pour ensuite augmenter leurs bas prix initiaux.

Le numéro un mondial est également entravé par l'interdiction de New Delhi sur la propriété étrangère des chaînes de grande distribution, qui l'empêche de vendre directement aux consommateurs indiens et ne lui permet de conserver son enseigne qu'en tant que grossiste. "Ne pas avoir accès à nos propres magasins à travers nos propres investissements est un obstacle sérieux", a déclaré Raj Jain, PDG de Wal-Mart en Inde, cité dans un article du New York Times.

Le français Carrefour, principal concurrent de Wal-Mart et deuxième distributeur mondial, connait les mêmes difficultés. Après six ans de luItalictte, il n'a toujours pas percé en Inde, même s'il pourrait y arriver très prochainement. Le groupe aurait en effet signé récemment un accord avec le conglomérat indien Future Value Retail et sa branche de distribution Pantaloon Retail, pour ouvrir des magasins dans le sous-continent, selon Le Figaro.

Simple annonce, mais grand espoir pour les deux géants mondiaux, les hauts dirigeants indiens ont récemment avancé qu'ils voulaient supprimer les restrictions sur ce commerce afin de réduire les prix alimentaires, qui ont augmenté de 20% en Janvier 2010 par rapport à l'année précédente. "Ouvrir la porte aux investissements étrangers pour les magasins de grande distribution serait très avantageux pour l'économie indienne, dans des secteurs comme l'agriculture. Je supporte l'initiative du gouvernement d'examiner le sujet", a déclaré Scott Price, PDG de Wal-Mart pour l'Asie, dans le quotidien Mint.

Les défis sont donc conséquents, mais le géant persiste. En effet, tous les efforts déployés en Inde sont essentiels à sa stratégie de croissance mondiale. Face à des marchés saturés aux Etats-Unis et dans d'autres pays développés, l'entreprise a besoin d'établir une plus grande présence dans les pays émergents comme l'Inde, où la valeur totale du marché de la grande distribution atteindrait actuellement les 12 000 milliards de roupies (200 milliards d'euros), et où des magasins modernes ne représentent que 5% de l'industrie de la vente au détail.

M. Jain se montre d'ailleurs optimiste. Il a déclaré que la société allait collaborer avec plus d'agriculteurs, augmenter le nombre de ses magasins dans l'Etat du Pendjab et de l'Haryana, avant de se développer partout dans le pays. Il prévoit d'ouvrir 10 à 15 autres magasins et employer 5 000 personnes, d'ici trois ans. Wal-Mart est en ce moment en train de construire un gros centre de distribution en dehors de New Delhi pour fournir les magasins Easy Day, marque appartenant à Bharti, dans et autour de la capitale.

"Je serai vraiment déçu si, dans les dix prochaines années, nous n'obtenons pas une bonne chaîne d'approvisionnement dans toutes les grosses et moyennes villes du pays", conclut Scott Price.

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Des pirates chinois s'infiltrent au coeur du gouvernement indien

Des chercheurs américains et canadiens ont révélé lundi que des pirates informatique, basés en Chine, ont réussi à infiltrer plusieurs fois ces derniers mois les ordinateurs personnels de nombreux bureaux gouvernementaux en Inde, ébranlant ainsi l’intégrité sécuritaire du pays.

En mars dernier, le Ministre des Communications indien, Sachin Pilot, avait publiquement déclaré que les réseaux gouvernementaux avaient été attaqués par la Chine, mais sans succès. Pourtant dans leur rapport paru lundi, intitulé "Des ombres dans les nuages," des chercheurs basés à Toronto révèlent qu'un groupe d'espions de la toile, originaire de l'Empire du Milieu, a réussi à voler des documents classés confidentiels par le Ministère indien de la Défense, donnant ainsi lourdement tort au ministre.

L'information, relayée aujourd'hui par The New York Times, précise que les espions ont volé des notes à propos de l'état sécuritaire dans plusieurs Etats du nord-est de l'Inde, tout comme des documents confidentiels appartenant à des ambassades dans le pays, à propos des relations entre l'Inde et l'Afrique de l'Ouest, la Russie ainsi que le Moyen Orient. Les pirates ont également infiltré les systèmes informatiques d'analystes indépendants, contenant des informations confidentielles sur le fonctionnement de missiles indiens. Ils ont de plus réussi à obtenir les emails personnels du Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains en exil, sur une période d'un an.

Pour l'instant, les enquêteurs, qui œuvrent pour la sécurité informatique internationale, pensent que les espions ont pu avoir accès aux documents officiels indiens en attaquant les ordinateurs personnels de hauts responsables, et non pas ceux du gouvernement. C'est en examinant une série d'adresses mail qu'ils ont pu suivre les attaques des pirates durant les huit derniers mois. Leur rapport précise que les infiltrations semblent avoir été menées par un groupe criminel basé dans la province du Sichuan (centre ouest de la Chine), qui aurait très largement eu recourt aux réseaux sociaux, comme Twitter, Google Group, Blogspot, ou encore Yahoo Mail.

Compte tenu de la précision et sophistication dont ont fait preuve les pirates, les chercheurs soulignent qu'il serait légitime de suspecter une implication du gouvernement chinois dans cette large opération d'espionnage, nommée "The Shadow Network" ("Le réseau de l'ombre"). Questionné à ce sujet, un employé pour la propagande nationale, Ye Lao, basé à Changdu (capitale du Sichuan), a déclaré que c'était "ridicule" de suspecter le gouvernement chinois d'avoir joué un rôle dans ces attaques. "Le gouvernement considère le piratage comme un cancer pour la société," a-t-il ajouté. Les accusations ont d'ailleurs été rejetées depuis Pékin par le Ministère des Affaires étrangères.

Pour l'heure, les enquêteurs soupçonnent un des pirates de l'informatique de venir de la prestigieuse Université de Sciences et Technologies électroniques de Changdu, qui publie notamment des livres sur le piratage informatique. Néanmoins, ils ont prudemment déclaré qu'ils ne pouvaient pas encore déterminer exactement qui utilisait les ordinateurs de Changdu pour infiltrer le gouvernement indien.

Ces chasseurs d'espions révèlent en outre que les pirates ont mis la main sur des documents en relation avec les forces de l'OTAN en Afghanistan. Cela illustre le fait marquant que même si le gouvernement indien était le premier visé par les attaques, une intrusion dans les systèmes de sécurité d'un pays peut en exposer beaucoup d'autres.

"La question primordiale est maintenant de savoir si la République Populaire de Chine (PRC) va agir dans les prochains jours pour détecter et stopper ce réseau pirate," conclut leur rapport.

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L'Inde lance son recensement décennal, un exercice de grande envergure

Ce 1er avril 2010, le gouvernement indien met en place une opération ambitieuse. C’est en effet le début du plus grand recensement jamais enregistré, dont l’objectif est de recueillir des données sur pas moins de 1,2 milliard de personnes.

L'Inde lance aujourd'hui le plus grand recensement probablement jamais effectué sur terre. Nommé "Census 2011" ("Recensement 2011"), c'est la première citoyenne du pays, la présidente Pratibha Patil, qui l'a symboliquement inauguré ce matin, suivie par le vice-président Hamid Ansari.

"Census 2011" est le quinzième recensement national mené dans le pays depuis 1872. Il mettra à jour le dernier effectué en 2001. Son originalité ? Il inclut pour la première fois la préparation informatisée du Registre national de la population indienne (NRIC), et ses données aideront le gouvernement à préparer le 12ème plan quinquennal. De plus, des informations seront recueillies sur l'usage des téléphones portables, sur la disponibilité de l'eau du robinet, ainsi que sur l'usage des services bancaires. Enfin, l'appartenance à une caste ne sera pas prise en compte, comme l'a précisé le secrétaire d'état à l'Intérieur, G. K. Pillai, cité dans The Hindu.

A travers 35 Etats et territoires de l'Union (UTs), le recensement 2011 couvrira 640 districts, environ 5 800 Tehsils (subdivisions administratives), 7 700 villes et plus de 600 000 villages. Les formulaires de recensement ont en outre été imprimés dans 16 langues, et le manuel d'instructions dans 18. Pour préparer le NRIC, les données, biométriques, seront collectées uniquement parmi les personnes de plus de quinze ans, à partir d'empreintes digitales et de photographies. Enfin, plus de 240 millions de ménages vont être recensés et 1,2 milliard de personnes comptées, dans le cadre du plus grand exercice administratif jamais conduit dans le pays.

Un processus divisé en deux parties

Le recensement 2011 comporte deux phases. La première est le listage et recensement des logements. Elle se déroulera entre avril et juillet 2010, pendant quarante-cinq jours dans chaque Etat et UTs. Cela permettra notamment de disposer de données récentes sur les conditions et le déficit d'habitations, indispensables à l'élaboration future des politiques de logements par le gouvernement. La seconde phase est spécialement prévue pour dénombrer la population. Elle se déroulera simultanément dans l'ensemble du pays, du 9 au 28 février 2011.

La tâche des 2,5 millions de personnes, engagées à l'occasion pour mener à bien cet exercice massif, sera d'aller à la rencontre de chaque ménage, pour collecter des renseignements personnels au travers de questions spécifiques ainsi qu'à l'aide du formulaire de recensement. L'ensemble des données rassemblées sera ensuite gardée absolument confidentiel, inaccessible même à la justice. Cette disposition est spécialement prévue pour encourager les citoyens à donner les informations les plus précises possibles.

Selon les prévisions, les premiers résultats tomberont fin mars 2011. Une fois terminé, ce recensement constituera la source la plus fiable d'informations sur la démographie, l'activité économique, le taux d'alphabétisation et d'éducation, les logements et les installations ménagères, l'urbanisation, le taux de fertilité et de mortalité, les castes et tribus "répertoriées" (celles qui bénéficient de quotas dans l'administration et l'enseignement public), le langage, la religion, les phénomènes migratoires, les handicaps ainsi qu'une pléiade d'autres données socioculturelles et démographiques.

"Census 2011" coûtera approximativement 22 milliards de roupies (360 millions d'euros) et le NRIC 35 milliards (580 millions d'euros). Des sommes certes considérables, mais proportionnelles à la démesure du recensement de la deuxième population mondiale.

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Une nouvelle génération de rickshaw-vélos débarque à New Delhi

La révolution d’un moyen de transport très populaire est en cours dans la capitale indienne. L’initiative, soutenue par une association d’élèves, a pour objectif d’aider des conducteurs à acheter leur propre véhicule, au design innovateur.

Une quinzaine de rickshaw-vélos patientent à la sortie de la bouche de métro, tandis qu'elle déverse des flots ininterrompus de personnes qui refont surface pour plonger dans la chaleur écrasante de la capitale. Parmi ces véhicules qui pullulent sur les routes du campus nord de l'Université de Delhi (DU), d'étranges spécimens se démarquent : ils sont plus larges, leurs toits plus longs et leurs roues sont parfois ornées de petits gadgets colorés accrochés aux rayons.

Ce sont les rickshaw-vélos créés il y a peu par vingt-cinq étudiants du Sri Ram College of Commerce (SRCC), qui font partis de l'organisation internationale SIFE (Students in Free Enterprise). Ils sont aidés par leur conseiller d'orientation Dr. Abhay Kumar, qui nous explique l'origine du projet : "L'idée était d'aider une catégorie de personnes en marge de la société. Après en avoir discuté avec les étudiants l'été dernier, notre choix s'est porté sur les rickshaw-wallahs, dont les conditions de vie sont misérables."

En effet, la majorité d'entre eux sont illettrés, et sous le joug des propriétaires de rickshaws. Ces derniers leur louent le véhicule à la journée, environ 50 roupies (moins d'un euro). Si les conducteurs se présentent à la tombée du jour sans cette somme, ils sont alors battus par les propriétaires, sans scrupules.

"La meilleure façon de leur venir en aide est donc de leur permettre d'acheter leur rickshaw, grâce à un prêt. Au départ, aucune banque ne voulait nous aider, puis finalement la Punjab National Bank (PNB) accepta de collaborer", nous dit Dr. Kumar.

Un nouveau design fut entre temps décidé par les élèves. Ses atouts ? Un toit allongé vers l'avant pour protéger le rickshaw-wallah. Affublés de deux petits rétroviseurs, il est beaucoup plus léger. Pour les clients, les sièges sont plus confortables, l'espace sous le toit est agrandi et deux journaux sont disponibles ainsi que de l'eau. Une petite poubelle introduit en outre le concept tendance du rickshaw-vélo 100% "eco-friendly." Son prix enfin s'élève à environ 8 000 roupies (130 euros), contre 7 500 (124 euros) pour un rickshaw-vélo normal.

Cinq conducteurs se sont lancés dans l'aventure le 17 décembre dernier, en présence de Sheila Dikshit, Chef du Gouvernement de New Delhi. Avec leur nouvel uniforme bleu marine, tous sont très fiers de leurs véhicules flambant neufs, qui leur permettent en outre de gagner plus, en moyenne 300 roupies par jour (environ 5 euros).

Ram Shiromani est rickshaw-wallah depuis cinq ans. Il nous confie, l'air important : "Je suis vraiment très content de mon nouveau rickshaw. Il est mieux et attire plus de clients, qui apprécient aussi d'avoir la possibilité de nous joindre par téléphone, comme les taxis." Il ajoute : "Avec l'argent que je gagne, j'ai pu faire quelques cadeaux à ma famille. Sinon, je mets de côté, sur mon compte bancaire."

Le co-président pour le SRCC-SIFE, Sidhartha Jain, décline le rôle des étudiants au cœur de ce projet : "Notre mission est d'accompagner les rickshaw-wallahs, en leur expliquant par exemple ce qu'est un prêt ou comment respecter la circulation routière. En dehors des cours de hindi, nous les formons aussi sur tout ce qui relève de l'éthique du métier, par exemple comment bien se comporter avec les clients. Notre objectif est de leur donner les bases nécessaires pour qu'ils puissent ensuite se prendre en charge seuls."

Cinq conducteurs vont obtenir leur nouveau véhicule lundi prochain, tandis qu'une vingtaine deviendra propriétaire aux mois de mai et juin. Reste maintenant à savoir si l'objectif de Sheila Dikshit, qui avait exprimé le souhait que le campus nord de DU ne soit plus parcouru que par ce type de rickshaws-vélos pendant les Jeux du Commonwealth, sera atteint à l'automne prochain.

Publié sur Aujourd'hui l'Inde (http://www.aujourdhuilinde.com/)