Alors que la découverte d’une nouvelle affaire de pédophilie au Brésil la semaine dernière vient encore une fois ébranler l’Eglise catholique, en Inde ce sont les gourous qui déchaînent les passions et accumulent les scandales à répétition.L'Inde s'est transformée ces dernières années en un théâtre déroutant pour ses milliers de fidèles hindous. Ces derniers ont en effet été contraints d'assister à la montée en flèche du nombre d'affaires criminelles menées par d'influents gourous, guides spirituels de l'hindouisme traditionnel.
Ainsi, alors que le leader religieux Sathya Sai Baba, qui compte des millions de fidèles mais également de nombreux abus sexuels, n'a jamais été envoyé en prison, un de ses semblables n'a récemment pas eu la même chance. Rajiv Ranjan Dwivedi, trente-neuf ans et plus connu sous le nom de Swami Ichadari Sant Swami Bhimanandji Maharaj Chitrkootwale, a en effet été arrêté le 26 février dernier pour une sinistre affaire d'exploitation sexuelle impliquant d'anciennes hôtesses de l'air et de jeunes étudiantes.
Avant d'entamer sa carrière de leader spirituel, Dwivedi était déjà passé par la case prison pour des affaires de proxénétisme en 1997. Remis en liberté un an plus tard, il aurait alors amassé des biens d'une valeur de plusieurs dizaines de millions de roupies pendant douze ans, selon la police. Comme le rapporte The Times of India, en plus de son Sai Baba Temple, situé à Khanpur (sud de Delhi), sous lequel il avait notamment construit un tunnel, il louait trois appartements dans la capitale et en utilisait deux pour mener à bien ses affaires de prostitution.
Dwivedi est également accusé d'avoir fait travailler cinquante à soixante femmes directement sous ses ordres et d'avoir eu accès à environ cinq cents autres grâce à son réseau de contacts. Selon la police, Dwivedi recevait aussi régulièrement des politiciens et hommes d'affaires tandis qu'il était en lien avec plusieurs autres proxénètes dans la capitale.
Plus récemment, c'est le célèbre gourou Nithyananda Swami qui a provoqué la colère de fidèles hindous en s'affichant dans une vidéo ayant des rapports sexuels avec Ranjitha, une star du cinéma tamoul. Des foules scandalisées ont alors déferlé vers son ashram, situé près de Bangalore (Karnataka), le 3 mars, pour le vandaliser.
Neuf personnes ont été arrêtées et la vague de colère s'est même propagée jusqu'à Kuala Lumpur en Malaisie, où le jeune leader possède également un ashram. "C'est un Swamiji ("homme saint") très influent qui a trompé et leurré d'innocentes personnes, j'espère qu'il ne sera pas épargné," a déclaré pour la BBC Kumaraswami, un villageois local.
Néanmoins, les cyniques activités de certains maîtres spirituels de l'hindouisme, adulés par des milliers de fidèles en Inde et à travers le monde, semblent prendre à chaque fois des formes plus surprenantes les unes que les autres.
Ainsi, après les affaires choquantes de sexualité et de prostitution révélées récemment, de sommes d'argent colossales amassées et de contacts suspects entretenus par les gourous avec des politiciens et hommes d'affaires, l'un d'eux a récemment annoncé vouloir se lancer en politique, rapporte The Times of India. Baba Ramdev, gourou médiatisé et controversé, veut ainsi créer son propre parti politique dans le noble but de "nettoyer le système," qui en aurait bien besoin selon lui.
Publié sur Aujourd'hui l'Inde (http://www.aujourdhuilinde.com/)
