mercredi 21 avril 2010

Le géant américain Wal-Mart plus que jamais à l'assaut de l'Inde

Deux ans seulement après son implantation dans l’Etat du Pendjab (nord), Wal-Mart affiche sa ferme ambition de conquérir un marché indien qui lui résiste encore, frileux et emmailloté dans un amas de protections législatives censées le préserver de toute infiltration étrangère.

Créé en 1962 par Sam Walton aux Etats-Unis, le géant et numéro un mondial de la grande distribution s'est implanté il n'y a que deux ans en Inde, où il a ouvert sa première devanture près d'Amritsar (Pendjab) en mai 2009, et récemment sa seconde près de Chandigarh, mardi dernier.

Pour s'établir dans le sous-continent, Wal-Mart a d'abord du s'allier avec Bharti Enterprises Ltd., un conglomérat indien qui possède aussi la plus grande société de téléphonie mobile dans le pays (Bharti Airtel). De ce partenariat est née la joint venture nommée Bharti Wal Mart Pvt. Ltd, détenue à 50% par les deux groupes. Cette dernière, dont les magasins portent l'enseigne Best Price Modern Wholesale, permet au géant américain de gérer ses opérations en Inde.

Cependant, tout le monde n'est pas heureux de la présence de Wal-Mart ici. Beaucoup d'activistes et d'hommes politiques indiens craignent en effet que les magasins de grande distribution ne mènent des millions de petits commerçants à la faillite, pour ensuite augmenter leurs bas prix initiaux.

Le numéro un mondial est également entravé par l'interdiction de New Delhi sur la propriété étrangère des chaînes de grande distribution, qui l'empêche de vendre directement aux consommateurs indiens et ne lui permet de conserver son enseigne qu'en tant que grossiste. "Ne pas avoir accès à nos propres magasins à travers nos propres investissements est un obstacle sérieux", a déclaré Raj Jain, PDG de Wal-Mart en Inde, cité dans un article du New York Times.

Le français Carrefour, principal concurrent de Wal-Mart et deuxième distributeur mondial, connait les mêmes difficultés. Après six ans de luItalictte, il n'a toujours pas percé en Inde, même s'il pourrait y arriver très prochainement. Le groupe aurait en effet signé récemment un accord avec le conglomérat indien Future Value Retail et sa branche de distribution Pantaloon Retail, pour ouvrir des magasins dans le sous-continent, selon Le Figaro.

Simple annonce, mais grand espoir pour les deux géants mondiaux, les hauts dirigeants indiens ont récemment avancé qu'ils voulaient supprimer les restrictions sur ce commerce afin de réduire les prix alimentaires, qui ont augmenté de 20% en Janvier 2010 par rapport à l'année précédente. "Ouvrir la porte aux investissements étrangers pour les magasins de grande distribution serait très avantageux pour l'économie indienne, dans des secteurs comme l'agriculture. Je supporte l'initiative du gouvernement d'examiner le sujet", a déclaré Scott Price, PDG de Wal-Mart pour l'Asie, dans le quotidien Mint.

Les défis sont donc conséquents, mais le géant persiste. En effet, tous les efforts déployés en Inde sont essentiels à sa stratégie de croissance mondiale. Face à des marchés saturés aux Etats-Unis et dans d'autres pays développés, l'entreprise a besoin d'établir une plus grande présence dans les pays émergents comme l'Inde, où la valeur totale du marché de la grande distribution atteindrait actuellement les 12 000 milliards de roupies (200 milliards d'euros), et où des magasins modernes ne représentent que 5% de l'industrie de la vente au détail.

M. Jain se montre d'ailleurs optimiste. Il a déclaré que la société allait collaborer avec plus d'agriculteurs, augmenter le nombre de ses magasins dans l'Etat du Pendjab et de l'Haryana, avant de se développer partout dans le pays. Il prévoit d'ouvrir 10 à 15 autres magasins et employer 5 000 personnes, d'ici trois ans. Wal-Mart est en ce moment en train de construire un gros centre de distribution en dehors de New Delhi pour fournir les magasins Easy Day, marque appartenant à Bharti, dans et autour de la capitale.

"Je serai vraiment déçu si, dans les dix prochaines années, nous n'obtenons pas une bonne chaîne d'approvisionnement dans toutes les grosses et moyennes villes du pays", conclut Scott Price.

Publié sur Aujourd'hui l'Inde (http://www.aujourdhuilinde.com/)