
Des chercheurs américains et canadiens ont révélé lundi que des pirates informatique, basés en Chine, ont réussi à infiltrer plusieurs fois ces derniers mois les ordinateurs personnels de nombreux bureaux gouvernementaux en Inde, ébranlant ainsi l’intégrité sécuritaire du pays.
En mars dernier, le Ministre des Communications indien, Sachin Pilot, avait publiquement déclaré que les réseaux gouvernementaux avaient été attaqués par la Chine, mais sans succès. Pourtant dans leur rapport paru lundi, intitulé "Des ombres dans les nuages," des chercheurs basés à Toronto révèlent qu'un groupe d'espions de la toile, originaire de l'Empire du Milieu, a réussi à voler des documents classés confidentiels par le Ministère indien de la Défense, donnant ainsi lourdement tort au ministre.
L'information, relayée aujourd'hui par The New York Times, précise que les espions ont volé des notes à propos de l'état sécuritaire dans plusieurs Etats du nord-est de l'Inde, tout comme des documents confidentiels appartenant à des ambassades dans le pays, à propos des relations entre l'Inde et l'Afrique de l'Ouest, la Russie ainsi que le Moyen Orient. Les pirates ont également infiltré les systèmes informatiques d'analystes indépendants, contenant des informations confidentielles sur le fonctionnement de missiles indiens. Ils ont de plus réussi à obtenir les emails personnels du Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains en exil, sur une période d'un an.
Pour l'instant, les enquêteurs, qui œuvrent pour la sécurité informatique internationale, pensent que les espions ont pu avoir accès aux documents officiels indiens en attaquant les ordinateurs personnels de hauts responsables, et non pas ceux du gouvernement. C'est en examinant une série d'adresses mail qu'ils ont pu suivre les attaques des pirates durant les huit derniers mois. Leur rapport précise que les infiltrations semblent avoir été menées par un groupe criminel basé dans la province du Sichuan (centre ouest de la Chine), qui aurait très largement eu recourt aux réseaux sociaux, comme Twitter, Google Group, Blogspot, ou encore Yahoo Mail.
Compte tenu de la précision et sophistication dont ont fait preuve les pirates, les chercheurs soulignent qu'il serait légitime de suspecter une implication du gouvernement chinois dans cette large opération d'espionnage, nommée "The Shadow Network" ("Le réseau de l'ombre"). Questionné à ce sujet, un employé pour la propagande nationale, Ye Lao, basé à Changdu (capitale du Sichuan), a déclaré que c'était "ridicule" de suspecter le gouvernement chinois d'avoir joué un rôle dans ces attaques. "Le gouvernement considère le piratage comme un cancer pour la société," a-t-il ajouté. Les accusations ont d'ailleurs été rejetées depuis Pékin par le Ministère des Affaires étrangères.
Pour l'heure, les enquêteurs soupçonnent un des pirates de l'informatique de venir de la prestigieuse Université de Sciences et Technologies électroniques de Changdu, qui publie notamment des livres sur le piratage informatique. Néanmoins, ils ont prudemment déclaré qu'ils ne pouvaient pas encore déterminer exactement qui utilisait les ordinateurs de Changdu pour infiltrer le gouvernement indien.
Ces chasseurs d'espions révèlent en outre que les pirates ont mis la main sur des documents en relation avec les forces de l'OTAN en Afghanistan. Cela illustre le fait marquant que même si le gouvernement indien était le premier visé par les attaques, une intrusion dans les systèmes de sécurité d'un pays peut en exposer beaucoup d'autres.
"La question primordiale est maintenant de savoir si la République Populaire de Chine (PRC) va agir dans les prochains jours pour détecter et stopper ce réseau pirate," conclut leur rapport.
Publié sur Aujourd'hui l'Inde (http://www.aujourdhuilinde.com/)
Publié sur Aujourd'hui l'Inde (http://www.aujourdhuilinde.com/)