mercredi 21 avril 2010

Opération séduction de la France auprès des investisseurs indiens

L’ambassadeur de France en Inde, Jérôme Bonnafont, a annoncé hier lors d’une conférence de presse l’intention affichée de Paris d’attirer plus d’investissements en provenance d’Inde, pays qui sous-estimerait les capacités et ressources de la cinquième économie mondiale.

"Le gouvernement français veut plus d'investissements indiens," annonce Jérôme Bonnafont lundi 29 mars, alors que la France part en chasse aux investissements étrangers dans le cadre de la campagne mondiale lancée par la ministre de l'économie Christine Lagarde en début de mois.

"Nous ressentons un réel besoin de faire un effort spécial envers l'Inde." En effet, alors que les échanges économiques entre les deux pays n'ont cessé d'augmenter, d'environ 15 à 20% ces cinq dernières années, le flux des investissements indiens en France reste très bas. L'Inde y était le quinzième plus gros investisseur en termes de projets en 2009, mais seulement 90 entreprises indiennes y sont actuellement implantées, employant environ 6 000 salariés. "Ce n'est clairement pas assez," explique l'ambassadeur.

De plus, le rapport entre les deux pays est "totalement déséquilibré," les entreprises françaises investissant de plus en plus en Inde. Elles sont actuellement 700 et emploient 160 000 salariés, principalement dans des secteurs comme les technologies de l'information (IT), l'énergie ou encore l'agro-alimentaire. "Nous pensons qu'une bonne relation est une relation équilibrée. C'est pourquoi nous aimerions que l'Inde prenne plus conscience du potentiel que représente la France pour elle."

Il s'agit donc pour l'ambassadeur de convaincre les investisseurs indiens des ressources et avantages du pays : "En termes d'infrastructures, nous sommes considérés comme l'une des meilleures destinations dans le monde. De plus, cela ne prend qu'une semaine pour établir une entreprise, il n'y a donc aucun problème pour intégrer le flux des investissements économiques français. Enfin, il y a trois millions d'entreprises dans le pays et un flux permanent de vente et d'achat."

A cela s'ajoute le fait que les compagnies étrangères sont soumises aux mêmes taxations que les compagnies françaises, et qu'il existe de nombreux permis de résidence avantageux permettant notamment aux familles de venir vivre en France et d'y travailler.

"Nous sommes largement ouverts au monde, avec une économie très moderne," affirme Jérôme Bonnafont. Cinquième puissance économique mondiale, la France était le troisième pays à émettre des investissements directs à l'étranger (IDE) en 2009 et le deuxième à les accueillir en 2008. Selon lui, la France est donc un "très bon choix" pour les entreprises indiennes, même s'il reconnaît qu'elle souffre encore de beaucoup de préjugés : "Nous avons la réputation d'être sans cesse en grève ou encore de ne pas travailler. Ce qui est totalement faux. Notre pays est deuxième dans le monde en termes de productivité par heure pour chaque employé. Les Français travaillent beaucoup et de façon efficace."

L'ambassadeur est ici rejoint par Pawan Mantri, investisseur indien qui a établi son entreprise en France il y a trois ans : "La productivité, l'intelligence et la flexibilité de la main-d'œuvre en France sont phénoménales. L'expérience est très enrichissante et gratifiante pour nous. Je pense que ce pays est actuellement très dynamique et propice aux investissements."

Néanmoins pour le moment aucun objectif chiffré n'a été avancé par l'ambassadeur. Alors que les relations politiques entre les deux pays sont actuellement très bonnes, tout est donc encore à faire pour convaincre l'Inde, pays émergent longtemps fermé économiquement au reste du monde, à venir investir en France.

Publié sur Aujourd'hui l'Inde (http://www.aujourdhuilinde.com/)