
La campagne officielle pour les élections législatives au Royaume-Uni a été lancée le 6 avril dernier. En attendant les résultats, qui tomberont précisément dans une semaine, des analystes du monde entier se sont emparés du cas Nick Clegg, candidat pour les libéraux-démocrates, véritable phénomène qui pourrait bien mettre fin au bipartisme à l’anglaise. L’alternance traditionnelle entre le Parti Travailliste, actuellement au pouvoir et représenté par le candidat sortant Gordon Brown, et le Parti Conservateur, mené par David Cameron, pourrait alors subir un revers historique.
Au-delà de toutes spéculations, ce qui nous interpelle à une semaine des résultats tant attendus, le jour même du dernier des trois débats télévisés pendant lesquels s’affrontent les candidats, c’est le rôle de la diaspora indienne au cœur de ces élections mouvementées.
Car, tout comme Chloé Morrison, interrogée par le magazine indien Outlook, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui déclarent soutenir un candidat d’origine indienne. En l’occurrence, la résidente de l’arrondissement londonien Ealing Southall a décidé de placer tous ses espoirs entre les mains du conservateur Gurcharan Singh, fervent dévot Sikh. Originaire d'une famille modeste d’agriculteurs dans l'Uttar Pradesh (nord de l’Inde), ce candidat dynamique d’une soixantaine d’année débarque au Royaume-Uni il y a quarante ans. Il n’imaginait alors pas qu’il pourrait un jour aspirer à devenir député, au sein de son pays d’adoption.
Des élections aux couleurs indiennes ?
C’est un fait : l’Inde est en train d’acquérir de plus en plus de poids au Royaume-Uni. A tel point que les politiciens ne peuvent plus négliger le potentiel que représente sa diaspora. Ainsi, même les conservateurs ont réalisé l'importance d’obtenir le soutien des membres de la communauté indienne, qui représente 1,8% de la population britannique. Les Tories ont actuellement 15 candidats d’origine indienne en lice pour le 6 mai. En effet, sur les 100 sièges qu'ils espèrent gagner, près de 14 circonscriptions ont un nombre important d’Indiens, qui constituent même, dans certains cas, près d'un tiers de l'électorat.
En tout, les trois grands partis comptabilisent 50 candidats originaires du sous-continent sur un total de 1716, autrement dit 3% de l’ensemble des prétendants aux élections législatives. A cela vient s’ajouter la propension des Indiens à voter. Un rapport, effectué par le professeur Mohammed Anwar de l'Université de Warwick, estime en effet leur taux de participation à 67% lors des dernières élections générales, contre 60% à l'échelle nationale.
Même si l'arithmétique électorale propre au Royaume-Uni (scrutin majoritaire uninominal à un tour) rend épineuse toute projection fiable du nombre d’Indiens qui seront élus membres du Parlement britannique, Priti Patel, de la circonscription Witham, est dors et déjà fortement pressentie pour gagner sa place parmi les conservateurs. Cette candidate, qui a beaucoup fait parler d’elle dans la presse en louant son "attachement fort aux valeurs conservatrices", deviendrait alors la première femme asiatique siégeant à la Chambre des communes.
"À l'heure actuelle, il n’y a que cinq députés d'origine indienne au Parlement, mais leur nombre devrait monter en flèche cette année", annonce Virendra Sharma, député travailliste de Southall. Il se hasarde même à la prédiction suivante, teinté d’un sourire : "Patientez un peu, et vous verrez que les Indiens prendront un jour le pouvoir au plus haut niveau".
Un Indien résidant du 10 Downing Street? Peut-être faudrait-il commencer à y songer…
Publié sur Aujourd'hui l'Inde (http://www.aujourdhuilinde.com/home.asp)